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Comme un alignement des planètes

Par Charlotte


J’ai toujours aimé cette terminaison de phrase mi-rêve, mi-réalité, mi-folle qui nous

propulse dans l’univers, révélant une histoire vraie, pourvue de sens, d’évidence. Et en

même temps, cette expression m’a toujours confrontée à un questionnement profond. Ai-

je déjà véritablement vécu un alignement de planètes !?


Oui, c’est sûr, lorsque j’ai rencontré Jeremy. Ok. C’est allé vite, fort, et onze ans après

c’est meilleur encore. Mais professionnellement ? Ca été beaucoup plus compliqué !


Les chemins ont été sinueux. Vous savez, quand vous voulez absolument que quelque

chose se passe et que ça ne se passe pas à hauteur de vos espérances. Vous y mettez

pourtant l’énergie la plus dingue. Vos plus beaux mots, vos plus belles couleurs, vos plus

belles formes. Peu importe par où vous essayez de passer, ça bloque ou tout simplement

c’est durrrrrrrrrrrrr ! Ce n’est pas le monde de l’alignement, c’est le monde du tumulte, des

vents et marées. Des vagues qui vous emmènent au large !


A vingt ans j’ai choisi le monde de l’art pour vie professionnelle. Les beaux-arts m’ont

appris puis j’ai appris à désapprendre. J’ai fait des choses, des choses dont je suis fière.

J’avais besoin de reconnaissance et j’ai eu la chance de l’obtenir. Mais les chemins étaient

souvent si compliqués ! J’avais des noeuds dans la tête.


J’ai toujours su que mon processus de création était complet mais qu’il manquait des

pièces au puzzle pour comprendre son véritable fonctionnement. Et de là, déceler ce que

j’étais vraiment en train de faire. Même si les sentiers étaient.. découpés !? (Un sentier

découpé, ça n’existe pas Charlotte !!) fractionnés.. troués ? Je leur ai toujours donné une

chance. Un guide ? Un fort intérieur qui sait ? Je ne sais pas… mais lorsque les bonnes

étoiles se sont manifestées autour, j’ai su les reconnaitre et leur dire OUI.


Mêler l’art contemporain aux créations de cérémonies laïque sur mesure ? C’était pas gagné.

Après quatre années de vie berlinoise, je débarquais à Bordeaux. J’avais accepté une

résidence artistique où je devais mettre en scène cinq performeurs avec une parfaite

inconnue. J’ai vu une première étoile scintiller : Mona.

Notre travail commun fût une réussite. Puis nous avons chacune poursuivi nos routes

distinctement. Lorsqu’on se donnait des nouvelles, Mona me parlait des cérémonies

qu’elle créait avec des couples. Je l’écoutais, c’était surprenant. Une rockeuse pêchue

éprise de mariages ça m’intriguais. C’est là où je me dis que l’on déborde parfois de

préjugés ! Mona me parle de Stella (Stella ? Ca veut dire étoile ?) de son travail, de sa

vision. Elle me dit d’aller voir son site et me pousse à lui écrire un mail pour la rencontrer.

Je ne comprends pas bien. Je suis un peu mal à l’aise. Je ne sais plus... puis elle ajoute :

« Charlotte, on a travaillé ensemble et je sais combien le sens des choses compte pour

toi. Dans ta manière de voir la mise en scène, tes directives sont toujours placées en

réponse à un vrai questionnement. Se demander pourquoi, chaque fois, c’est continuer à

construire. C’est une de tes devises et je sais que pour Stella c’est pareil. Ecris-lui et ne

tarde pas ! ». Je lui fais confiance. Je lis les textes de Stella. J’aime tout de suite la

douceur avec laquelle cette femme dépose les mots. L’imaginaire qu’elle déploie vous

donne l’envie d’aller plus loin. La brèche ! Jamais un mail n’avait été aussi simple à

rédiger. Je lui livre mon parcours. Notre rencontre va de soi. J’ai vu une deuxième étoile

scintiller.


Il fait très beau, c’est l’été. Je suis à Paris et j’ai rendez-vous avec Laurence dans une

brasserie rue Daguerre. Je me souviendrai toujours de cette rencontre. J’arrive, ses bras

m’enveloppe tout de suite. Elle m’accueille avec un sourire de l’espace interplanétaire et

ses ongles orange fluo !

Laurence fait partie de ces êtres qui savent écouter mieux que personne et dont la

présence incarne la vie.

Chaque thème de son métier sont des thèmes que j’aborde dans ma démarche artistique.

J’en ai le souffle coupé. Je me souviens que le temps manquait à tous les sujets évoqués.

Nous nous quittons la joie au coeur de savoir qu’un collectif était en train de naître. J’ai vu

ma troisième étoile scintiller.


Décembre 2018, première formation du collectif à Bordeaux. Rencontre avec Mathilde,

jeune maman, comme moi, d’un bébé de six mois ! J’ai vu ma quatrième étoile scintiller.


Nous nous sommes réunies toutes les cinq pendant trois jours. C’ést Noël avant l’heure.

Je suis exactement là où je dois être. Et en bonne étoile qui scintille je me réjouis et

m’amuse à dire que là, OUI, c’est comme un alignement des planètes !

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